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Ervé

Écritures carnassières

En librairie depuis 7 avril 2022 (Collection À Vif)

« Depuis longtemps je taquine la rue. Aujourd’hui encore. Guidé par mes failles, mes blessures, j’arpente trottoirs bitumeux ou sentiers poussiéreux. Partout le même bitume. Partout les mêmes poussières âcres. Ô comme j’aimerais trouver un trou de verdure où chante une rivière mais je ne suis pas ce dormeur. J’ai cependant deux douleurs dans le dos qui me font dire que je n’étais pas de taille et que vous m’avez vaincu avec vos mots. J’ai perdu. Oui. Je me suis perdu. »

Au travers de ces fragments d’une vie en éclats, de cette écriture tout à la fois vibrante, poétique et carnassière, se déploient la noirceur et les instants de grâce d’un céleste parmi les clochards de Paris.

Ervé vit dans la rue. Et celle-ci l’habite. Il traîne avec lui le fardeau d’une mal enfance et, entre colère, tristesse et mélancolie, il écrit. Écritures carnassières est sa première publication. 

 Filmé par Delphine Chaume, son éditrice, il s'exprime aussi sur notre chaîne Youtube (1' 43").

Extrait

Extrait 1

« Quelle force a-t-elle en elle pour avoir pardonné, à ma demande, mes errances, mes colères, mes pleurs d’enfant, ma violence verbale, mes manquements, mes penchants autodestructeurs ? Qu’est-ce qui peut animer une si belle âme pour avoir, à maintes reprises, tendu la main ? Elle reste un mystère pour moi. L’ai-je vraiment aimée ? Oui. L’aimè-je encore ? Oui. D’une tendresse particulière qui se renforce chaque jour qui passe loin d’elle et de mes deux poumons. 

Au hasard de mes visites, chez mes deux poumons, je la trouve toujours un peu plus belle et intrigante. J’aime à penser qu’elle a refait sa vie, à sa façon, sans moi, obsolète, sauf pour le bien-être de nos filles. Il est sûr que je me suis fait mille mauvais sangs à me dire qu’elle pouvait rencontrer quelqu’un d’autre. Elle est encore jeune et belle. En même temps, je la sais très accaparée par son travail, un boulot de dingue. Quand je veux lui parler, je suis en mode petits chaussons. J’ai l’impression de m’adresser à une travailleuse sociale qui va me juger et non pas à la mère de mes enfants ou à la femme qui m’a aimé. Sans doute est là le nœud du problème et de ma corde au cou. »

 

Extrait 2

« La petite boule puante :

—   Tu ressembles à ton père.

—   Je ne sais pas madame, je ne l’ai jamais connu.

—   Je suis ta maman.

Il regarde cette femme à peine plus haute que lui, grosse, les cheveux d’un brun mal colorés. Elle sent la cigarette mêlée à du mauvais parfum, le genre de truc que tu achètes avec des timbres glanés dans les pages publicitaires des magazines.

Il est convoqué chez la juge pour enfant. Il a 12 ans. Son frère, d’un an et demi son aîné n’est pas là. Il a déjà rencontré la juge. Son autre frère, plus âgé encore est présent et a déjà été entendu par la juge. Il a déjà été convenu qu’il pourra vivre avec la génitrice. Il observe ce frère dont il n’a que des souvenirs visuels flous. Il était trop petit pour se souvenir. Il aimerait lui parler, juste pour entendre le son de sa voix. Mais la juge arrive et :

—   Veuillez entrer.

La pseudo-mère entre la première. Lui hésite. Il n’a qu’une envie, se tirer de là et aller boire une bière (si jeune et déjà alcoolique), fumer une cigarette (il en a sur lui, tout un paquet) dans le parc tout à côté. Il se plie à l’injonction, entre, s’assoit deux chaises plus loin de la femme qu’il ne connaît pas. Le parfum mélangé lui a déplu.

—   Tu sais pourquoi tu es là ?

—   Non M’Dame.

—   C’est ta mère qui souhaite que tu reviennes revivre avec elle. Tu comprends ?

—   Non M’Dame.

—   Qu’est-ce que tu ne comprends pas ?

—   Revivre avec elle. Je ne la connais pas, je n’ai jamais vécu avec elle, madame... »

En savoir plus...

Ervé s'est entretenu avec la responsable de "Seconde chance" où il évoque son parcours cabossé à sa façon, toujours aussi sincère et dépouillée. Il évoque à travers une expérience récente comment on traite les "SDF" aux urgences. à écouter sur https://podcast.ausha.co/seconde-chance/herve-le-poete-de-la-rue
 
Ervé s'est entretenu avec Erik Martiny du London Magazine (extrait)

Ervé
is the new sensation in French letters. His recent autobiographical account of living on the streets was published this year by Les Editions Maurice Nadeau, the publisher who published Michel Houellebecq’s first novel.

You’ve chosen a pen-name which is both elliptical and sibylline: can you tell us the reasons which presided over this choice?

“Ervé” is the name I opted for when I used to draw. Its slightly mysterious side makes people smile, especially when I tell them that the missing H at the start of the name was smoked long ago (in reference to hash.)

I also want to steer clear of my surname which refers to my unknown, absent father; using his name would just have meant paying homage to him and perpetuating his memory, something I am keen to avoid.

Why did you call your book Ecritures Carnassières(Carnivorous Writings)?

Carnivorous Writingscame to me in the course of the writing in its final phase as I was proofreading the book. While taking a break, I published a tweet, a short text signed #EcrituresCarnassieres. Delphine Chaume, my editor, instantly responded, arguing it would make for a good title. The book was initially supposed to be called Au Ras Du Sol(At Ground Level), a hashtag I often use to sign my tweets with. I liked the idea. In hindsight I find it rather interesting: ‘writing’ works well with the gentler aspects of the book and ‘carnivorous’ offers a good counterblast, referring to the more mordant aspects.

One of your chapter headings is entitled “fêlures” (cracks): this is a key word Zola uses in La Bête Humaineto suggest man’s flawed, fallen nature. Did you intend that word as a nod to Zola? How close do you feel to naturalism?

I don’t think I was referencing Zola. To tell you the truth, when I studied him as a schoolboy I found Zola deeply boring. Only later when I reread Zola’s La Bête Humaineand other works by him outside school did I find him more amenable.

I could have used the word “breakage”, but the word “fêlure” (cracked) is softer on the ear. From childhood onwards, it’s a word I’ve always liked. It evokes fissures, fractures. But if the reader sees it as a reference to Émile Zola that’s pleasant to hear.

As far as Naturalism is concerned, if by that term is meant the description of what I’ve experienced in minute detail then that’s fine but I feel closer to descriptive poetry which entails describing the darkness as something delightful, something with which to pull the reader in, in a way that is light-hearted and imagistic.

But even though people keep calling me a writer these days, I still feel more like a narrator of my own story than anything else.

 Lire la suite sur London Magazine 

 “Larep. fr, leberry.fr, lechorepublicain.fr, leveil.fr, lyonne.fr et lejdc.fr ” du 2 juillet 2022 présentent Écritures carnassières : 
"Écritures carnassières" d'Ervé paru chez Maurice Nadeau : puissant
 
Le livre de la semaine - "Écritures Carnassières" d'Ervé
Ervé est un homme qui vit dans la rue. Il publie Écritures carnassières, entre autobiographie, témoignage et poésie.
De son écriture très poétique, Ervé fait volet en éclat ce qui fait écran entre le passant plus ou moins indifférent et son
existence. Un tour de force qui rend à chacun, Ervé et passant, son humanité
https://www.larep.fr/limoges-87000/loisirs/ecritures-carnassieres-d-erve-paru-chez-maurice-nadeau-puissant_14147873/
 
Ramsès Kefi rend compte dans “www.Libération.fr” du 26 juin 2022 d'Écritures carnassières : 

"Quand les smartphones n’étaient pas encore de ce monde, Ervé regardait l’heure sur les horodateurs. «Ah, il est 4 h 30.» Plus que deux heures trente avant l’ouverture du café. «Oh putain.» Il dit que cette attente dans l’obscurité, sans toquante au poignet, se rapproche le plus de ce qu’on appelle la solitude. «Le seul bruit que tu entends, ce sont tes pas.» Une petite lumière s’allume ici ou là. «Ah, quelqu’un se lève… Il doit travailler dans les bureaux.» Il observe tout. «Ah, il est 5 h 30.» Paris dort, Ervé marche. C’était régulier : tuer deux heures et demie dans la nuit, en attendant le premier kawa, un sac sur le dos pesant la moitié d’un homme. «C’est un temps long, qui se dilate.» Quand il l’enquille enfin, ce n’est pas pour se réveiller. Mais pour consoler sa fatigue..." lire la suite : https://www.liberation.fr/societe/erve-sdf-memoires-de-guigne-20220626_VJQALCG7G5AIJGHN5SBI4XRUUY/

L'Invité(e) des Matins du samedi Épisode du samedi 25 juin 2022 sur France Culture, Ervé, clochard et écrivain entretien recueilli par Caroline Broué (19 minutes)

Muriel Mingou chronique dans “La Montagne” du 24 juin 2022 d'Écritures carnassières sous le titre : "Ervé, SDF, se raconte" - Ce récit autobiographique est
un témoignage puissant, porté par un style très poétique.
(article repris dans Le Berry Républicain, Le Journal du Centre et Le Populaire du Centre)

"Entremêler autobiographie, témoignage et poésie, voilà ce que réussit Ervé avec Écritures Carnassières. Dès les premières pages, c’est l'écriture, sa beauté, un sens très affûté de la formule poétique, qui vous happe, vous emporte. Elle vous fait accéder à une humanité et pas n'importe laquelle..."

Ervé, Delphine Chaume et Guy Birenbaum ont été les invités en avril de Dominique à la librairie Tropiques, rue Raymond Losserand. Celui-ci les a filmés. A voir les entretiens : http://www.librairie-tropiques.fr/.../ecritures...
 
Frédéric L'Helgouach rend compte dansle Blog de Mediapart du 7 avril 2022 d'Écritures carnassières dans ces termes : " Ervé est SDF depuis presque toujours. Né sur le trottoir, dit-il. De sa génitrice, il tire un portrait terrible (le chapitre s'intitule ‘La petite boule puante') mais le lecteur n'est pas choqué par la brutalité des mots. Plutôt par le fait que ceux-ci sont très certainement fidèles à la réalité. Tout, dans Écritures carnassières (son premier livre), est ainsi : bouleversant mais sans misérabilisme ; cru mais poétique ; puissant mais fragile. Nerveux, mais désarmant de sincéritéL'ouvrage ne se déguste pas : il se dévore. Se bouffe. Si les écritures sont carnassières, leur lecture est compulsive. Sauvage." Lire l'article : "L'Ode à l'enfance du clochard magnifique".
 
Jérôme Garcin rend dans “l’Obs” de cette semaine (31 mars 2022) un vibrant hommage à l’auteur d’ “Écritures carnassières” : "(Il) a connu l’envie d’en finir. Mais jamais celle de quitter la rue, même si elle “ fracasse, exclut, tue”, même si la liberté qu’elle octroie est celle “d’y crever, surtout”. Ervé, homme blessé, se raconte aussi pour sauver du marasme des images qui le tiennent debout…"  
Au "Masque et la plume" du 27 mars, Jérôme Garcin a donné son « conseil » de lecture en fin d’émission pour "Écritures carnassières" d’Ervé, un enfant de la DASS, aujourd'hui 49 ans, qui a choisi la rue. (En librairie le 7 avril prochain).
« Violent et tendre », « Une écriture qui griffe », « un livre tout à fait fort » a-t-il notamment dit. Collection "À Vif" aux Éditions Maurice Nadeau.
 
Dans “Le Parisien” du 4 avril 2022, Élodie Soulié consacre "Un Portrait" à Ervé. Extrait :

"C’est ce qui a séduit les éditeurs de Nadeau, autant que la langue à la fois sèche, acérée et bourrée d’images des textes d’Ervé. Non pas ses tweets de 140 ou 280 signes, mais ses mots au secret, ceux qu’il a préservés, durant toutes ses années, du « buzz » sur l’oiseau bleu qui lui vaut aujourd’hui près de 13 000 abonnés. Par le passé, l’ami admirateur Guy Birenbaum, qui signe la préface d’« Écritures carnassières » au nom d’une amitié née sur le macadam, l’avait bien envoyé vers quelques éditeurs, mais « je me suis fait pas mal balader », remarque Ervé sans amertume." Lire l'article 

Dans “Babelio” du 6 avril 2022, J.P. Guery présente en lui offrant 4 étoiles sur sur 5 "Écritures carnassières" dans ces termes : " Ervé fait plus que mettre des mots sur ses maux, il nous entraîne dans son univers !" 

Pierre Lescure a présenté dans son émission "C à vous" le 6 avril 2022, "Écritures carnassières" d'Ervé, illustré par plusieurs extraits d'entretiens d'Ervé, en mettant en avant la qualité de son écriture à revoir...

 

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« Depuis longtemps je taquine la rue. Aujourd’hui encore. Guidé par mes failles, mes blessures, j’arpente trottoirs bitumeux ou sentiers poussiéreux. Partout le même bitume. Partout les mêmes poussières âcres. Oh ! Comme j’aimerais trouver un trou de verdure où chante une rivière mais je ne suis pas ce dormeur. J’ai cependant deux douleurs dans le dos qui me font dire que je n’étais pas de taille et que vous m’avez vaincu avec vos mots. J’ai perdu. Oui. Je me suis perdu. » Au travers de ces fragments d’une vie en éclats, de cette écriture tout à la fois vibrante, poétique et carnassière, se déploient la noirceur et les instants de grâce d’un céleste parmi les clochards de Paris.

Ervé vit dans la rue. Et celle-ci l’habite. Il traîne avec lui le fardeau d’une mal enfance et entre colère, tristesse et mélancolie, il écrit. Écritures carnassières est sa première publication.

Filmé par Delphine Chaume, son éditrice, il s'exprime aussi sur notre chaîne Youtube (1' 43").