Météo
Lors d'un colloque Philippe Di Meo a conclu en traçant un profil de l'oeuvre d'Andrea Zanzotto qu'il a qualifié de "poésie généalogique" - dans une acceptation non-nietzschéenne. Pour son traducteur principal, l'oeuvre d'Andrea Zanzotto "dispose dans l'horizontalité de la page, la verticalité de la tradition poétique occidentale", rien que pour la rajeunir.
Poésies, publiées en Italie en 1996. Traduit de l'italien et du vénitien par Philippe di Meo. Postface de Stefano dal Bianco. 94 p. (édition bilingue 2002)
Extrait
Lanugini
I
Prato di globi di pappi laggiù smarrito
avanzare sempre più profondo
di concezioni dell’infinito
*
Lanugini di lai leni lontananze
vibratili trappole in cui cadde la luce
soffi, tocchi su immense aree sostati
*
Luce e gloria delle composite,
globi incerti del loro stesso esistere —
ma in alta mutezza, in dedizione attonita
*
Armoniche, colme grammatiche,
ologrammi di estreme matesi,
o voi, da tutti i soffi, amati
*
Delicati e imbambolati
quali purissime dissoluzioni
gli eserciti-soffioni offrono ai prati ?
Duvets
I
Pré de cloches, d’aigrettes, là-bas égaré
toujours plus profonde avancée
des conceptions de l’infini
*
Duvets de lamentations subtiles lointains,
vibratiles traquenards où la lumière tomba
souffles, touchers sur d’immenses surfaces arrêtés
*
Lumière et gloire des composites,
cloches incertaines de leur propre existence —
mais en haute mutité, en dévouement étonné
*
Harmoniques, grammaires bondées,
hologrammes d’extrêmes mathèses,
ô, vous, par tous les souffles aimés
*
Délicats, stupéfaits,
quelles très pures dissolutions
les armées-dents-de-lion offrent-elles aux prés ?
II
Nome bislacco, taràssaco
per tanto eleganti metamorfosi
di giallori taglienti in bianchi soffi
*
Radicchiette seghettanti, gremito
appetito di soffi, di ipotesi –
stasi o tremito, mai si saprà
*
Verde per cupezza quasi rabbioso
giallime di solicini in sé perfetti
poi candori appena accennati
affidati affidati agli equilibri dei prati
*
Globi di includenti ricami
esclusioni improwise e totali
evoluzioni verso invisibili
prove finali
*
Le belle cadenze le rapidità
dei pappi librati verso aldilà
impossibili eppure immediati
II
Taraxacum, nom farfelu
pour tant d’élégantes métamorphoses,
de jaunures coupantes en souffles blancs
*
Petites chicorées dentelées,
appétit de souffles, d’hypothèses chargé —
stases ou tremblement, jamais on ne le saura
*
Vert à cause d’une obscurité presque rageur,
jauneté de petits soleils en eux-mêmes parfaits
puis blancheurs à peine esquissées
aux équilibres des prés confiées, confiées
*
Cloches d’incluantes broderies,
exclusions soudaines et totales,
évolutions vers d’invisibles
épreuves finales
*
Les belles cadences, les rapidités
des aigrettes planées vers des au-delà
impossibles et pourtant immédiats