Journal en public
Pendant plus d'une quinzaine d'années Maurice Nadeau a tenu dans La Quinzaine littéraire un "Journal en public". Chronique remarquée, où il rend compte de ses lectures, commente événements littéraires ou éditoriaux, évoque de grands auteurs du passé, signale des écrivains du présent. Parle à l'occasion de lui-même, de ses maîtres et amis, vivants ou disparus. Parfois aussi, du temps qui passe, selon ses humeurs et ou convictions. Un choix de pages de ce "Journal" fait revivre l'actualité culturelle de ces dernières années telle que l'a observée et ressentie le directeur d'un périodique estimé qui est aussi critique et éditeur. 316 p. (2006)
Extrait
Depuis bientôt une dizaine d’années je publie un « Journal en public » dans La Quinzaine littéraire. L’écho qu’il rencontre parfois m’a incité à en rassembler les pages les mieux venues en vue du présent ouvrage.
Chronique du temps qui passe, avare ou prodigue d’événements méritant d’être commentés, voire consignés. Fruit d’autre part d’un tempérament et d’un esprit qui ne sont pas toujours au beau fixe.
Ces événements que le vent emporte on peut avoir plaisir, ou intérêt, à se les remémorer, à les revivre comme on dit. Le temps les a fait disparaître dans son grand entonnoir, les voici qui reviennent à l’air. On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve, mais l’eau continue d’être nouvelle, même si elle ne fait miroiter que des souvenirs.
Souvenirs d’événements, de faits, de personnes. Souvenirs de lectures, de compagnonnages, d’amitiés. À nouveau présents avec de grands auteurs du passé, ou de contemporains dont on a eu plaisir à signaler la naissance. Souvenirs de bonheurs, d’émotions, d’admirations, de mises à distance. Le scripteur a ses tics, ses lubies, ses convictions. Il entend faire servir les mots à exprimer ce qu’il a dans le cœur ou ce qui lui est venu à l’esprit.
À ceux qui m’ont lu toutes ces dernières années, même distraitement, même à l’occasion, je voulais faire ce signe d’amitié. À ceux qui liront pour la première fois ce « Journal », qu’ils soient invités à porter la vue plus loin.