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Major, Serge-Jean

Chausse trap(p)es

L'orthographe est revenue à  la mode après avoir été boudée et dénigrée comme contraignante et démodée. A une époque où la communication est omniprésente, il est devenu clair qu'une des premières marques d'attention était la correction formelle du message écrit.  Dans cet esprit, Serge-Jean Major vous propose des exercices d'une difficulté parfois considérable créés spécialement pour vous permettre de vous confronter à la plupart des complexités de la langue française. 199 p. (1988)

Extrait

Préface ...en forme de dictée

Des hippurites, sortes de mollusques lamellibranches, surgis soudain au beau milieu de ma dictée, me terrorisèrent littéralement.

Un gastéropode, faisant des glissandos sur la coiffeuse de la vicomtesse, l’eût certainement moins terrifiée que je ne le devins.

Paradoxalement, l’enfant sylvestre que je fus s’enfuyait jambes à son cou, devant les cupressacées et les hyménoptères.

Ces barbares appellations pétrifiaient ma docile plume Sergent-Major, qui en oubliait d’humecter son bec dans l’encre violette. Se doutait-elle qu’un jour précisément son petit museau raisonneur, à force de syllogismes, la conduirait à commettre des bluettes ou de truculentes chansons qui terrifieraient les honnêtes ethnies de nos beaux quartiers ? Ah! séduisante et perfide dictée de Mérimée, que je t’aimais malgré tes pièges! Tel Jésus gravissant son calvaire, je trébuchais à chacune de tes phrases. J’ignorais pourtant que ta persécution toute féminine préfigurait déjà, hélas, les douloureuses circonvolutions de mes amours futures. Mais, foin de digressions saugrenues, vous tous, les mots, vous êtes mes amours. Protozoaire ou Kamtchatka, hypophysaire ou bignoniacées, et même dicotylêdone gamopétale, je suis si curieux de vous connaître tous, que ma faculté d’étonnement prendra toujours le pas sur la crainte que j’ai de vous maltraiter.

Mais aussi pourquoi manifester une quelconque érubescence au constat de la faute ? Bernard Pivot ou notre ministre de l’Éducation nationale, lui-même en personne, n’en commettent-ils réellement jamais ?

Pour ma part, je cours sur-le-champ mander à ma chère épouse de m’égrener lentement, en respectant bien les ponctuations, les mille et une chausse-trap(p)es que recèle ce livre diabolique.

Pierre Perret

 

Pourquoi ce livre ?

Les Français s’intéressent à nouveau à leur langue et à l’orthographe. Cette dernière est même devenue, grâce à Bernard Pivot, matière à concours et à réjouissances. Maîtres d’école chevronnés rivalisent désormais avec de jeunes génies et des grand-mères entraînées devant la France du petit écran rassemblée, crayon en main. Chacun, du salon bourgeois du XVIe arrondissement de Paris à la cuisine de ferme de la Lozère ou de la Creuse, se demande avec la même anxiété comment écrire « pampille violacée » ou bien « capharnaüm ».

Profitant de cette mode, Serge-Jean Major a voulu saisir la balle au bond en permettant aux candidats des prochains concours d’orthographe de se préparer dans les meilleures conditions aux épreuves.

En écrivant ces CHAUSSE-TRAP(P)ES  nous avons cependant surtout cherché à divertir et à distraire le lecteur et les masochistes qui voudront bien tenter de faire nos dictées.

Dans ce but, Serge-Jean Major s’est efforcé de mettre à la disposition de celles et de ceux qui sont sensibles aux charmes de notre langue, des textes amusants peut-être, d'actualité parfois, ardus le plus souvent, en cherchant en particulier à multiplier les pièges grammaticaux, les accords difficiles et les mots de vocabulaire d’usage peu courant.

Au moment où l’orthographe devient plus un jeu qu’un exercice un peu ennuyeux, il nous a semblé que cette suite de conventions qui constituent la richesse de notre langue méritait d’être préservée et entretenue. D’ailleurs, Serge-Jean Major n’est pas persuadé qu’en simplifiant l’orthographe les tenants d’une simplicité excessive contribuent à améliorer le bonheur et le génie de nos concitoyens. En effet, comme l’a écrit un académicien « il est très bon qu’il faille écrire pois, poix, poids et pouah ! pour distinguer dans une même regrettable sonorité un légume, une matière résineuse, une mesure ou une interjection indignée ».

L’auteur, en fait, aime la langue française telle qu’elle est. Comme Baudelaire, il pense que « manier savamment une langue », c’est pratiquer une espèce de sorcellerie évocatoire et, comme Théophile Gautier, il ne craint pas d’affirmer mâlement : « Je mettrai l’orthographe même sous la main du bourreau. »

Hormis la célèbre dictée de notre « maître » Prosper Mérimée, créateur du genre littéraire dont nous nous voulons le continuateur, tous les textes de ce recueil ont été composés par l’auteur. Certains d’entre eux ressemblent davantage à de petites nouvelles qu’à des dictées traditionnelles. Chacun pourra alors les découper, suivant son humeur, pour en dicter les passages qu’il jugera les plus amusants ou difficiles . De même nous invitons nos lecteurs à se noter ou, mieux encore, à mesurer les performances de leurs belle-mère, mari, petit(e) ami(e), voire de leur chef de bureau, selon un barème de notation inspiré de celui qui est en viqueur pour les examens (in fine p. 199).

Par un souci didactique, des commentaires en bas de page sur les mots utilisés ou des explications en fin d’ouvrage accompagnent cette salve de dictées. Ils veulent essayer de faire franchir cette porte étroite qui existe entre l’étau de la norme et l’écart de la tolérance.

 

 

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