Quatre saisons en enfance
En librairie le 17 mai 2019
L’héroïne dont le milieu d’origine vit comme au XIXe siècle, fait connaissance, à Paris et en province, avec la modernité de l’émancipation féminine des trente glorieuses, Sa perception d’être justement une femme, bute sur la découverte de la sexualité, enfin, surtout celle des autres. Cela lui provoque des mauvais tours comme celui de se retrouver à la fois vierge et enceinte.
Cette ingénue zigzague d’étonnements en déconvenues, dans un monde parfois cruel, toujours saugrenu, dont on ne lui a pas fourni le mode d’emploi et qu’elle cherche, perplexe, à déchiffrer. Trop tard, à chaque fois. La solution serait-elle dans les livres qu’elle dévore, là où ça n’arrive qu’aux autres ?
Ce sont quatre nouvelles qui s’enchaînent et composent quatre moments de ces Saisons en enfance : Née en 51, Près du Loing, Un amour en 74 et Un squelette lumineux. Les trois premières nouvelles de ce recueil ont été interprétées pour la radio et plusieurs fois diffusées sur France Culture de 1989 à 2018.
Née en 1951 à Madrid, Catherine de la Clergerie a grandi en province et n’a jamais cessé de vivre sa vie comme un roman. Elle étudie la philosophie à la Sorbonne, devient archiviste sonore, et écrit des pièces radiophoniques diffusées sur France Culture. Elle écrit aussi pour la jeunesse et a été publiée notamment chez Desclée de Brouwer et en 2013 chez Philippe Picquier. Elle réside à Paris dans le 14e arrondissement.
Extrait
Je partage une chambre avec Christine. En me déshabillant, je demande :
— Qu’est-ce que ça veut dire « violer » ?
Christine Montaigu se redresse et s’appuie contre le radiateur sous la fenêtre.
— Tu sais ce que c’est faire l’amour ?
— Oui.
— Hé bien, c’est faire l’amour quand une fille n’en a pas envie.
— Oh ben, c’est pas si grave que ça.
Elle me regarde.
— Tu sais vraiment ce que ça veut dire faire l’amour ?
— Oui je sais, bien sûr, c’est pas drôle d’être forcée…
Elle dit :
— Laisse tomber, tu ne sais pas ce que c’est.
— Mais si. Et je laisse tomber.
Je vois très bien la scène, le garçon embrasse de force la fille sur la bouche, et en plus, peut-être il est tout nu. Je reconnais que ce n’est pas drôle.
J’espère quand même qu’il n’existe pas quelque chose de pire.