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Garcia Elizondo, Mateo

Dernier rendez-vous avec la Lady

Rentrée littéraire 2023. En librairie le 22 août 2023.

Un jeune homme s’installe à Zapotal, un village perdu au fin fond du Mexique en lisière de la jungle. Il emporte avec lui d’impressionnantes réserves d’opium et d’héroïne pour en finir avec la vie et un cahier dans lequel il entreprend de raconter les derniers instants de son existence. Hanté par des visions et des souvenirs, il oscille entre la vie et la mort dans les limbes magiques du demi-sommeil et de la drogue, se promène au hasard et découvre le Rincón de Juan, un bar où convergent les âmes perdues et où ivrognes et prostituées lui apprennent à fumer des scorpions pour se sevrer. Mais les trous de mémoire se multiplient, les réserves de drogue s’étiolent, le manque se fait plus fort et la mort s’approche inéluctablement. À moins qu’il ne soit déjà passé de l’autre côté et que cela ne ressemble en rien à ce qu’il avait pu imaginer...  192 p. ISBN : 978-2-86231-508-9. Traduit de l’espagnol (Mexique) par Julia Chardavoine.

Mateo García Elizondo (Mexico, 1987) est romancier et scénariste. Il a notamment co-écrit le long-métrage Desierto (2015). Ariane Singer dans le Monde des Livres écrit : " l'auteur (...) frappe fort avec ce récit d'un chemin accidenté vers la mort, à la façon d'Au-dessous du volcande Malcolm Lowry (1947), ou de Junkyde  William Bur­roughs (1953)."

Son premier roman Una cita con la Lady, publié par Editorial Anagrama en 2019, a remporté le prix littéraire Ciutat de Barcelona et lui a valu d’être inclus dans la deuxième liste des 25 meilleurs jeunes auteurs de langue espagnole du magazine Granta. "Malgré le poids d'une filiation littéraire des plus honorifique, puisque son grand-père paternel est Gabriel García Márquez et son grand-père maternel est l'écrivain mexicain Salvador Elizondo, Mateo fait preuve pour son premier roman d'une très grande originalité et d'une puissance d'écriture remarquable."

 

 

 

Extrait

Extrait 1

«   Je suis venu à Zapotal mourir une bonne fois pour toutes. Dès que j’ai mis un pied dans le village, je me suis débarrassé de tout ce que j’avais dans les poches, des clés de la maison que j’ai laissée derrière moi à la ville, des cartes en plastique et de tout ce qui avait mon nom ou ma photo. Il ne me reste plus que trois mille pesos, une boulette de résine d’opium et sept grammes d’héroïne. Ça devrait suffire à me tuer, sinon je n’aurai plus de quoi me payer une chambre ou m’acheter un peu de lady, pas même assez pour un pauvre paquet de clopes. Et je finirai par mourir de froid et de faim, au lieu de faire l’amour avec ma belle faucheuse, lentement, tout en douceur, comme prévu. Franchement, ça devrait être plus que suffisant, mais je m’y suis déjà essayé à plusieurs reprises et je finis toujours par me réveiller. Je dois avoir quelque chose à régler avant. »

Extrait 2

« ?Je ne sais pas si mes yeux sont ouverts ou fermés, mais j’ai l’impression d’être dans une boîte très étroite, de descendre dans les tréfonds les plus sombres et reculés d’un sous-sol. Cette sensation de plonger n’est pas nouvelle ; je l’ai fait toute ma vie. Je sais qu’on ne touche jamais le fond. Allongé, immobile, je coule et, tout au fond, je retrouve mes souvenirs, comme des animaux monstrueux qui nagent dans les profondeurs de l’océan. 

Et là, je vois Valérie. Je sens son corps chaud autour du mien et sa respiration lente contre mon cou. Des frissons hérissent ma peau quand elle me caresse le dos. Avec elle, je me sentais pleinement en sécurité et en paix. Quand je m’endormais dans ses bras, des idées et des rêves me venaient à l’esprit, exactement comme quand je fume de l’opium. Il me semble que dans ma vie, rien n’a été aussi semblable à un shoot de lady qu’un moment dans les bras de ma Valérie. 

Entre les eaux, j’aperçois son corps étendu sur le lit. Son parfum de fleurs fanées me parvient et je découvre à flanc de montagne, au-dessus des nuages, un chalet dont la cheminée en pierre laisse échapper de la fumée. Je vois des chiens et des enfants courir entre les arbres, des amis morts, qui auraient vieilli, en train de faire cuire de la viande sur un gril. Scènes impossibles. Je crois que je n’aurais rien pu espérer d’autre dans la vie. Ça fait bien longtemps que j’ai oublié ce qu’étaient le désir et le plaisir, c’est l’effet de la lady. »

 

 

En savoir plus...

Patryck Froissart dans la Cause littéraire :

"Voilà un roman puissant, pesant, attrapeur, un de ceux qui laissent chez le lecteur la prégnante impression, faite à la fois de malaise et de jouissance, d’avoir été, pendant la lecture et bien après fermeture du livre, littéralement, littérairement, magistralement « baladé ». Gageons que ce premier texte d’un auteur mexicain prendra place parmi les œuvres remarquables de la littérature mondiale. (...)

A l’arrivée à Zapotal, où l’étranger est venu « mourir une fois pour toutes », le décor glauque de la pension où il se réfugie avec sa dernière provision de drogue et un maigre pécule, les rues, les premières rencontres, les échanges initiaux, bien que l’atmosphère qu’installe l’auteur donne d’emblée quelque impression « d’étrangeté », semblent relever d’une prétendue réalité… jusqu’au soir où il entre dans le bar « El Rincón de Juan », ce Juan que les clients du cabaret lui présentent comme étant « le gigolo » de la grande Dame, comme étant « le Diable »…

Là commence ce qui va faire du roman un piège narratif fabuleux, justement diabolique, dans lequel s’empêtre le lecteur avec un plaisir précieux : plus le récit avance, plus les décors se font fantasmatiques et plus les êtres rencontrés au cours d’une errance de plus en plus insensée se transforment en des espèces de spectres, de morts-vivants, de morts vraiment, et plus se pose la question essentielle : le narrateur est-il vivant ? S’il l’est au début, l’est-il jusqu’à la dernière page ? Sinon, à partir de quel point du récit ne l’est-il plus ? S’il ne l’est pas, ou s’il ne l’est plus à tel ou tel moment, comment a-t-il pu, ou peut-il encore, parler, marcher, écrire, décrire, narrer ? Ce séjour à Zapotal ne serait-il qu’un de ces voyages oniriques que provoque l’injection d’une dose ? Serait-il ce supposé temps transitoire, cet « entre-deux-mondes » qui se déroule immédiatement avant, pendant, après le dernier râle et une éventuelle définitive séparation d’avec le corps, ce laps d’instant durant lequel le trépassant voit, croient certains, se dérouler en accéléré les séquences marquantes du film de sa vie, ou ce non-être-land où « l’âme » erre en croisant d’autres non-êtres tout en gardant une certaine vision, une certaine appréhension, voire certaines sensations physiques d’un monde vivant auquel ils ont le sentiment d’encore un peu appartenir ? (...)

Toute la force du roman, et donc tout le talent, rare, de l’auteur, consistent en l’art d’entretenir la confusion : rêve éveillé, relation du déroulement d’un trip fatal, narration en deux temps, celui d’avant et celui d’après, d’un rapporteur qui continue à écrire sur son petit carnet après avoir mis en scène son propre enterrement ?

– Pourquoi personne ne m’a dit que j’étais mort ? La fille, attendrie, m’offre son plus beau sourire. – Ça ne se fait pas, mon vieux. C’est une question de bonnes manières…

Magistrale, efficace, formidable attrapoire textuelle !

LETTRES CAPITALES : Rentrée littéraire : Mateo García Elizondo « Dernier rendez-vous avec la Lady » ou la tentation de l’allégorie fantastique par Dan Burcea qui conclue ainsi :

"Ce qu’il faut retenir, par dessus de tout ce que l’on vient de dire, ce sont les deux idées maîtresses de ce roman : l’éloge en ombre chinoise de la double présence de la vie et de la mort et l’espoir que tout être humain a droit à revisiter son passé et à faire l’examen de ce que l’on appelle par un mot-valise usé aujourd’hui, celui de « réussir sa vie ». Nous le savons, la littérature tient d’ailleurs à nous le rappeler à tout moment, lorsque le réel devient trop aveuglant, trop lourd à porter, le seul moyen de lui échapper c’est de nous réfugier dans le fantastique. En cela, le pari de son début en littérature du jeune auteur Matéo García Elizondo est brillamment gagné et tout aussi prometteur. "

Le Monde des Livres daté du vendredi 14 septembre, sous la plume de Ariane Singer, consacre un article très élogieux à "Dernier rendez-vous avec la Lady" sous le titre : "Voyage au bout de la stupéfaction"

Elle écrit notemment : "Pour son entrée en littérature, l'auteur, scénariste de cinéma et accessoirement petit-fils de Gabriel Garcia Marquez, né en 1987 à Mexico, frappe fort avec ce récit d'un chemin accidenté vers la mort, à la façon d'Au-dessous du volcan, de Malcolm Lowry (1947), ou de Junky, de  William Bur­roughs (1953)." lire l'article sur : https://journal.lemonde.fr/

sur RFI : Le romancier mexicain Mateo Garcia Elizondo: «La mort est un prétexte pour parler de la vie» Un enregistrement de 3 mn 31 à écouter

La Dépêche.fr : Coup de coeur de la librairie Calligramme de Cahors :

Extrait : À Cahors, la librairie Calligramme présente ses coups de coeur de la rentrée littéraireLe second coup de coeur de Félicity a été écrit par Mateo García Elizondo, petit-fils de deux écrivains reconnus : Gabriel García Marquez et Salvador Elizondo. Son premier livre "Dernier Rendez-vous avec la Lady", récemment traduit en Français, a remporté le prix littéraire Cuitat de Madrid en 2019. "C'est une histoire sombre, sur fond de suicide et d'addictions à la drogue.La lady, c'est le nom que le personnage donne à l'héroïne." commence par expliquer Félicity. Elle continue : "Le personnage est très pessimiste. Au fil du livre, il perd pied entre réalité et hallucinations, il se replonge dans ses propres souvenirs et fait la liste des choses qu'il aimait. À la fin, c'est une apologie de la vie qui se fait, comme un rayon de soleil qui perce le thème obscur abordé par l'auteur.

Sur le site d'America Nostra : une chronique de Christian Roinat : 

D’où vient la force extraordinaire de ce roman, un de ces romans qui vous marquent pour longtemps ? Pas seulement du sujet. Mateo García Elizondo a choisi de montrer des situations dantesques, ces visions d’un enfer terrestre accepté avec son épilogue toujours bien présent, non avec un grand orchestre tragique, mais avec des mots de tous les jours, les mots les plus simples, avec la volonté de ne jamais s’écarter de ce qui, pour le narrateur, n’est que normal, son quotidien depuis des mois, des années. À certains moments, il ose même faire de discrètes incursions dans plusieurs mythologies, avec une maîtrise remarquable. C’est un choc que reçoit le lecteur de ces pages, une de ces gifles qui laissent sonnés, admiratifs. Premier roman. Chef d’œuvre absolu. Révélation comme on en voit très peu. Les mots manquent pour être à sa hauteur.

Jordi Battallé (voir sur RFI international) a longuement interviewé (en espagnol) Mateo Garcia Elizondo sur son roman "Una cita con la Lady".

Y sont abordés, outre la nature du récit de ce livre, les conditions de l'écriture et la personnalité de l'auteur : il est en effet le petit fils de deux écrivains célèbres, Gabriel Garcia Marquez et Salvador Elizondo. Il  évoque sa vie de famille, parle de ses recherches sur les junkies, de l'influence de Juan Julfo. Pour le narrateur, la "Lady" esr l'héroïne, la drogue de la fin de la vie. il l'appelle "la Lady", comme la représentation d'une relation amoureuse, d'une attraction fatale. Elle figure la mort et le narrateur qui accepte toute les conséquences de son adiction, est plus proche de la mort que de la vie. Le livre aborde en fait la thématique du "bien mourir" encore tabou dans nos sociétés occidentales. Il y présente aussi, illustré par sa bande annonce, le film "Desierto" - lauréat du Prix du Festival de Toronto - film dont il est l'auteur du scénario. 

Présentation détaillée : 

Publié par Editorial Anagrama en 2019, "Una cita con la Lady" est le premier roman de Mateo García Elizondo. Il remporte le prix littéraire Ciutat de Barcelona en 2020 et vaut à l'auteur d’être inclus dans la liste  des 25 meilleurs jeunes auteurs de langue espagnole du magazine Granta. 

Le texte nous plonge dans les méandres de la conscience d’un jeune junkie qui s’installe à Zapotal, un village perdu aux fins fonds du Mexique en lisière de la jungle. Il emporte avec lui d’impressionnantes réserves d’opium et d’héroïne pour en finir avec la vie et un cahier dans lequel il entend raconter les derniers instants de son existence. Hanté par des visions et des souvenirs, il oscille entre la vie et la mort dans les limbes magiques du demi-sommeil et de la drogue, se promène au hasard et découvre le Rincón de Juan, un bar où convergent les âmes perdues et où ivrognes et prostituées lui apprennent à fumer des scorpions pour se sevrer. Mais les trous de mémoire se multiplient, les réserves de drogue s’étiolent, le manque se fait plus fort et la mort s’approche inéluctablement. À moins qu’il ne soit déjà passé de l’autre côté et que cela ne ressemble en rien à ce qu’il avait pu imaginer…

Ce roman poétique et sensible prend la forme d’une longue confession venue d’outre-tombe. Il s’inscrit dans la tradition d’universalisation du monde rural mexicain initiée par Juan Rulfo et propose un nouveau regard sur un univers décadent exploré par Malcom Lowry ou William Burroughs. Avec ce texte, Mateo García Elizondo prend le contrepied de la littérature sur le nacrotraffic, fleurissante en Amérique latine, pour dépeindre l’envers du décor et explorer les états de conscience altérée d’un drogué ou d’un être qui se rapproche de la mort, en jouant sans cesse avec les genres fantastique ou de terreur. L’auteur revendique ainsi l’influence d’auteurs comme Philip K. Dick, les beatniks, Sadeq Hedayat ou Joseph Roth. 

Le texte a déjà été traduit en anglais par Charco Press, en italien par Feltrinelli et en grec par Kostianotis. Il va bientôt être traduit en arabe.

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