Ténèbres
En librairie le 14 juin 2024.
Célèbre dramaturge et romancier autrichien, Thomas Bernhard (1931-1989), est connu pour être un parfait misanthrope, vivant une relation conflictuelle avec son pays. Ce recueil de textes publiés pour la première fois en France en 1986, contient des récits autobiographiques, marqué par la maladie et une enfance difficile sous le nazisme triomphant, ainsi que des discours de remerciements aux plus grands prix littéraires, jugés scandaleux à l’époque. Dans un rarissime entretien, on y voit l’obsession de la mort (Thomas Bernhard a fait deux tentatives de suicide), mais aussi les ressorts cachés qui ont poussé un parfait nihiliste à écrire. Dans ses récits, il affirme qu’il est vain de tenter d’échapper aux ténèbres qui nous entourent. Il faut au contraire précipiter l’arrivée des « ténèbres définitives », notre seule certitude...
Réédition en "Poche Nadeau" du recueil de textes publié en 1986, toujours disponible, mais abrégé du dossier qui accompagnait les textes de Thomas Bernhard. 136 p. 9,90 €. ISBN : 978-2-86231-559-1
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Ecalirantes Ténèbres: chronique de Cécile D dans Addict culture: https://addict-culture.com/thomas-bernhard-tenebres-la-cave/
"Les Éditions Maurice Nadeau nous donnent accès, ce mois-ci, dans leur petite collection poche à un recueil de textes de Thomas Bernhard, regroupés sous l’intitulé Ténèbres et initialement publiés en 1986. Il s’agit de textes qui ne font pas à proprement parler partie du corpus de l’œuvre de Bernhard mais qui de par leur nature (discours de remerciements lors de remises de prix, interviews, articles de revues, …) et leur contenu, permettent un accès direct à la pensée d’un des plus énigmatiques et fascinants auteurs du vingtième siècle. Grâce à cette petite compilation éclairante, il nous est permis de voir et d’entendre quasiment avec les yeux et les oreilles de l’auteur notamment au travers des échanges directs retranscris dans l’incroyable et quasi surréaliste entretien avec le journaliste du Zeit André Müller, qui se tient pour partie au domicile même de Bernhard[...]. Si la question du suicide est au premier plan dans ces échanges, question qui hanta Thomas Bernhard qui avait déjà fait deux tentatives de suicide à dix ans (!!), on comprend également que c’est cette absurdité assumée de la vie qui a permis a Bernhard d’écrire et de devenir l’auteur incontournable de romans et de théâtre qu’il est devenu. On perçoit avec intensité combien les variations des états internes, métaphysiques, de l’auteur interfèrent avec la capacité à écrire de celui qui indique ne pouvoir le faire que quand il va mal, que quand paradoxalement il n’a plus de vitalité. C’est en effet curieusement à l’intérieur du creux dépressionnaire qu’il puise l’énergie pour écrire et y « prend un plaisir immense« et pour nous suprpenant. Il s’arrête longuement d’ailleurs sur cette versatilité de l’existence pour faire comprendre à son interlocuteur les conséquences de celle-ci sur notre place en ce monde, sur le fait que les choses changent tout le temps et qu’il n’y a jamais rien de stable ni d’acquis."
Une analyse de Ténèbres de Félix Macherez dans Art Press:
"Si le mot « ténèbres » vous paraît trop abstrait, alors choisissez-en un autre, et laissez-le à Thomas Bernhard qui appelle « ténèbres » toute fausse idée de la vie, le « silence absolu qui ruine tout», l'impossible compréhension entre les hommes, « la fréquentation toujours incomplète de la matière», la science trompeuse, l'« infâme men songe qui est infâme vérité» et in versement, les petites histoires, l'hypocrisie, l'ennui, la mort-cette mort qui est dans toute chose, jusque dans l'action qui tenterait de la pré venir. Car, pour Bernhard, la mort est partout, et il sait de quoi il parle, il la connaît bien, il l'a fréquentée à deux reprises (deux tentatives de suicide), l'a côtoyée au sanatorium, dans la maladie, ou lors de son enfance, à treize ans dans une Autriche nazifiée, lorsqu'une femme lui crie: « Je finirai bien par le faire envoyer à Dachau, ton grand-père ! » Ce grand-père qui fut l'un des seuls à l'avoir « réellement aimé ». Voici donc les ténèbres dont parleThomas Bernhard dans ce violent volume de 1986 mêlant récits auto biographiques, discours de remercie ment aux prix littéraires et entretiens. Ce sont là des textes désespérés et mélancoliques-drôles aussi, à force d'excès -, toujours servis par un style nu et froid, « artificiel », et une prose en spirales forant l'obscurité pour qu'elle jaillisse et se révèle: «Dans l'obscurité, tout devient clair. Pas seu lement les apparitions, ce qui relève de l'image, non, la langue aussi. II faut imaginer des pages totalement noires : le mot s'éclaire."
Patryck Froissart consacre un article à Ténèbres dans La Cause Littéraire: https://www.lacauselitteraire.fr/tenebres-thomas-bernhard-par-patryck-froissart
"Ce recueil de libres confessions, d'évocations décousues du passé, de dévoilements, d'indiscrétions volontaires, d'aveux, de confidences sur le divan projette un éclairage intéressant sur la sombreur essentielle des écrits de Bernhard, sur le pessimisme existentiel empreignant la vision qu'il a de sa présence au monde, sur l'appréciation négative qu'il fait de sa propre création littéraire, sur le regard critique, substantiellement péjoratif, qu'il porte itérativement sur l'espèce, sur la société, sur l'Histoire, en particulier contemporaine."
Jean-Claude Leroy rédige une fine analyse des écirts de Thomas Berhard dans Poésiebao: https://www.poesibao.fr/thomas-bernhard-tenebres-lu-par-jean-claude-leroy/
"Un des ressorts principaux de Thomas Bernhard, c'est son instinct de résistance, laquelle résistance est pour lui un « matériau » dont il a besoin. Il s'oppose en effet à presque tout ce qui l'entoure, il s'oppose en continu. Le cerveau en a besoin, dit-il. Ainsi, au-delà des cibles qu'elle attaque, son écriture doit résister et même dépasser les maîtres en écriture, ceux qu'il a tant admirés et qu'il considère comme indépassables, c'est là sa bravoure indéniable comme c'est aussi sa réitération méthodique. Musil, Pavese, Pound, aînés vénérés, il faudra donc les dépasser, comme tous les Maîtres anciens [...] Difficile de dire si les propos et le style de Thomas Bernhard appartiennent à une époque révolue, on souhaiterait que non, sans en être sûr. Rire comme il a ri, grogner comme il a grogné, et ses lecteurs avec lui, c’est aujourd’hui infiniment plus difficile, vu que ceux qu’il raillait et conspuait hier étaient pour la plupart de vieilles ganaches, tandis que les mêmes idées rances sont maintenant portées par des populations vigoureuses, avec en bandoulière la même haine stupide que Thomas Bernhard avait en son temps ridiculisée."
Noé Gaillard dans Daily Passion: file:///Users/admin/Downloads/Daily%20Passions-Te%CC%81ne%CC%80bres-1-7-24(1).html
"Si vous connaissez le dramaturge Bernhard, vous ne serez pas surpris de le lire dramatisé son ‘Paysage d’enfance’ ou ses ‘Trois jours’ mais peut-être serez-vous étonné de ce qu’il énonce sur son théâtre en justifiant le titre du recueil. Il dit tirer son théâtre du noir et force est de constater que nous, spectateurs, sommes d’abord dans le noir puis que la scène où l’on s’agite, se met en place est dans le noir et de ce dernier noir sort brutalement ou progressivement ce que l’on est venu voir, comme si nous découvrions un/le Monde. L’homme-auteur est passionnant et digne d’intérêt et je pense qu’en complément de cette lecture de Ténèbres vous pourriez poursuivre votre approche avec L’imitateur, Gallimard"