Notre plage nocturne
En librairie le 30 août 2024
Notre plage nocturne réunit des nouvelles qu’on pourrait appeler “psychologiques”. Dagerman y donne une image de notre monde dans son mélange de cruauté et de futilité, de richesse égoïste et de misère, de crasse et d’attendrissante pureté. Le thème essentiel est la solitude. Et quelle plus grande solitude que celle qui règne dans certains couples ? Elle est montrée sans complaisance sur des modes très différents, de la légèreté ironique à l’angoisse. L’analyse sociale bascule parfois dans le fantastique. Nouvelles traduites du suédois par C.G. Bjurström et L. Albertini.
L’auteur de ?Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, est l’un des plus brillants écrivains suédois. Né en 1923, Stig Dagerman s’est donné la mort à 31 ans. Maurice Nadeau a été le premier à publier ses œuvres en français.
En savoir plus...
À écouter:
- Une chronique de Nikolas Delescluse sur Soundcloud: https://soundcloud.com/nikola-delescluse/stig-dagerman-notre-plage-nocturne
Le Monde libertaire: Francis Pian le 8 Septembre 2024 https://www.monde-libertaire.fr/?articlen=8010&article=Notre_plage_nocturne
"Des phrases courtes, un sens aigu de la description dans un style froid, distant. La solitude est à chaque page. Dans cette première nouvelle, la relation du destin d’un homme. Il est loin le chien, puis il réapparaît quelques pages plus loin. Les nouvelles vont crescendo, comme L’arbre du pendu en utilisant l’esprit, les sentiments, les ressentiments. Quel regard ! A chaque page, une atmosphère intense, dramatique. Stig Dagerman ? Un maître de la nouvelle !
Dans l’adultère, le poids des silences, celui des regards des hommes de caractère, titre d’une nouvelle. L’Homme étranger est particulièrement glacial. Quant au vieil homme de la tour, nous basculons dans un monde parallèle, une forme de mystique.
Notre plage nocturne qui donne le titre du recueil. Pourquoi les plages sont-elles sales, traduisent-elles la vie des gens ? L’égoïsme, le cynisme ? Et pourtant, « il y a des moments où il faut laisser nos yeux prendre un bain de pureté et pour ça il ne reste que la nuit. La seule excuse, la seule chose qui autorise l’existence de la plage, c’est la nuit, ces nuits bleues merveilleuses. N’est-ce pas que c’est beau ? » Oui, il y a dans ces nouvelles, des diamants éclatants au milieu de cette solitude implacable, de cette crasse humaine."
La Viduité consacre un long article à Notre plage nocturne: https://viduite.wordpress.com/2024/09/25/notre-plage-nocturne-stig-dagerman/
"Nouvelles de solitude, du déchirement et de l’acuité d’un monde perçu derrière les limites de cet isolement, les tristesses et autres lucidités à contre-temps, terribles contre-coups de nos fragiles consolations. Dans cette réédition de Notre plage nocturne on entend le désespoir de Stig Dagerman, l’empathie aussi qu’il prodigue pour les paumés ordinaires, pitoyables héroïnes et héros de ses récits comme pour mieux nous faire entendre sa colère contre cet univers en perdition, sa pollution et surtout la tension entre ses habitants si finement figurée. Dix nouvelles pour affronter l’inanité, nos difficultés à nous comprendre, à écouter aussi autre chose que la fatalité de nos peines et déconvenues. Les éditions Maurice Nadeau continue à nous proposer les œuvres que son fondateur a toujours été si habile à découvrir et faire partager. Après Les wagons rouges, on redécouvre l’indéniable talent de nouvelliste de Stig Dagerman. Les souffrances amoureuses seront au centre de ces histoires amers mais pas entièrement désabusées. Peut-être par la banalité de la souffrance que laisse affleurer chaque nouvelle. Ce sera d’ailleurs une des réussites de ce livre : la solitude est peut-être l’exacerbation d’un sentiment d’éloignement, la certitude panique d’une absence d’issu, l’enfermement dans une logique dont on peut comprendre les rouages, cette ombre de paranoïa avec laquelle il nous arrive, tous, d’interpréter les faits et gestes de notre entourage. Là encore, l’art du texte court est de trouver le détail discordant, le geste qui dérègle nos ordinaires acceptations. Un rire, une moquerie, voir un homme qui se suicide et la deuxième nouvelle, « L’arbre du pendu », plonge le lecteur dans l’horreur de l’ordinaire. Une tonalité tellement à ras des personnages que l’on y entend le moraliste, celui qui use de son empathie pour dire la turpitude de notre monde."
Noé Gaillard dans Daily passion https://www.daily-passions.com/notre-plage-nocturne
"Nous sommes dans un recueil de dix textes que j’ai envie de considérer comme des textes-écailles arrachés par l’auteur à la peau du monde, ou tombés et ramassés par ses soins. Qui deviennent, par la magie des mots, translucides pour nous dévoiler ce qu’elles cachaient. Des solitudes. Imaginez que le personnage ‘principal’ de Notre plage nocturne s’appelle Sisyphe… Et je vous conseillerai de commencer par ce texte pour vous faire une idée du ton… et de le lire avec toute l’attention qu’il mérite. Et vous vous demanderez comme moi de quand date le texte avec pour seule indication qu’il est d’avant 1954… Stig Dagerman est né en 1923 et s’est donné la mort à trente et un ans. La suite de la lecture m’a amené dans les paysages de Nicolas de Staël et les tableaux d’Edward Hopper. Images entre lesquelles je crois on peut trouver une relation et des visions de solitudes. Heureusement, et comme pour adoucir ou en estomper la violence sourde, des vers de René Char et des Haïkus subtils me sont venus en mémoire. Il me semble que la fréquentation des poètes et des peintres est un bon remède à la solitude."
Crimes et châtiment selon Stig Dagerman: un article de René de Ceccatty dans Les Lettres françaises: file:///Users/admin/Downloads/Les%20Lettres%20franc%CC%A7aises-Plage%20nocturne-18-10-24-page3.pdf
"Hector Bianciotti, dans Le Monde des Livres du 17 février 1989 (article recueilli dans Une passion en toutes lettres, son recueil de critiques paru en 2001 chez Gallimard, et repris en Folio) écrivait notamment : « Lire Dagerman, c’est ressentir, dans tout le corps, l’impuissance de l’esprit à l’égard de l’esprit, et, de ce fait, éprouver à quel point on peut devenir incapable d’être comme soi... » Malgré leur sombre atmosphère, les nouvelles de Dagerman, sans doute par leur extrême concentration et l’abondance d’images frappantes, comme autant de saynètes oniriques, très précisément décrites, et comme autant d’ouvertures vers le néant, laissent une impression paradoxale de vitalité. Était-ce par l’obscur pressentiment que les jours de sa présence sur terre seraient comptés, Dagerman va très vite dans sa narration, faite de visions noires qui se succèdent à un rythme très vif, en dépit d’un ton apparem- ment contemplatif. C’est probablement ce qui mettait ses livres en contact empathique avec ses lecteurs (à la manière de Kafka et de Rilke, plus encore que de Strindberg ou d’Ibsen, dont évidemment on l’a rapproché)."