Longtemps je me suis couché de travers
Le plus original, le plus désopilant des florilèges. Un millier de premières phrases inventées, rêvées, fantasmées, comme les germe de mille romans virtuels qui ne verront jamais le jour. L'imagination est de nouveau au pouvoir. 160 p. (1994)
Walter Lewino (né le 18 janvier 1924) est un journaliste français, ancien combattant et spécialiste de tests et de jeux pour journaux. Après la débâcle de 1940, âgé de 17 ans, Walter Lewino décide de rallier le général de Gaulle en Angleterre. Il est muté au Groupe Lorraine, en compagnie de Pierre Mendès France et Romain Gary. Il accomplit 70 missions de guerre. En 1946, il reprend des études de lettres à la Sorbonne puis devient journaliste à Combat, l'Equipe, les Lettres Françaises, France-Observateur, le Point, l'Express, le Nouvel Observateur où il finit rédacteur en chef. Il est le créateur des célèbres jeux et tests du journal. Il a aussi écrit une douzaine d'ouvrages (dont L'Heure, L'éclat et la blancheur, Fucking Fernand, Une femme par jour...). Décédé le 18/01/2013.
Extrait
AVANT-PROPOS
Qui s’est risqué à la littérature connaît le poids de la première phrase. Une poignée de petits mots et le rideau se lève, tout est joué. La plus célèbre est sans doute le proustien « Longtemps je me suis couché de bonne heure », qui a inspiré le titre de cet ouvrage. Les grands auteurs, particulièrement les Américains, nous ont habitués à ces incipit pour leur donner leur nom savant, nerveux et mystérieux, complices et provocateurs, qui situent d’emblée le climat de l’œuvre. Le cinéma n’échappe pas à la règle, pas plus que la musique. Premières images, premières notes qui annoncent et portent l’œuvre à venir.
Il nous a semblé amusant et un rien pervers de rassembler en un seul ouvrage non pas une anthologie d’incipit, mais un millier de premières phrases inventées, rêvées, fantasmées, comme les germes de mille romans virtuels qui ne verront jamais le jour. Ni maximes ni adages, elles se contentent de décrire, d’évoquer. Sautillant du nostalgique au dérisoire, du saugrenu au passionnel, leur côté coq à l’âne pourra dérouter, mais qui saura les picorer par petites touches, une dizaine de pages à la fois, comme autant d’amuse-gueules, y trouvera peut-être, entre deux sourires, un vrai parfum de littérature.
La fête n’aurait été complète sans la participation involontaire de quelques grands ancêtres. Vingt-cinq phrases célèbres, transformées, détournées, saupoudrent l’ouvrage et lui donnent une dimension ludique et récréative. Le « C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit, que dire de plus... » de la page 56 en est le plus classique des exemples.
W. L.
Oncle Eusèbe faisait des trous, des trous partout, il disait : les trous, c’est la seule chose qu’on ne peut pas te voler
Pousse-toi Poussy Cat, me disait-elle immanquablement les matins au réveil
Je n’ai jamais eu beaucoup de chance avec les ouvre-boîtes
Il me semble parfois que la Seine a mal vieilli
L’âne bientôt se révéla d’un caractère impossible
Il faisait la manche à la sortie du Collège de France, un petit portrait de Roland Barthes épinglé sur sa veste
Les femmes que j’ai épousées étaient toutes assez fortes
Zoltan avait cette détestable habitude qu’ont parfois les étrangers de faire des jeux de mots maladroits
On dit, dans la famille, que sa dernière parole fut chut !
Le chien de Mlle Tourlaque se mit à me haïr
En poussant la porte du cimetière de Cauchy-à-la-Tour, j’avais eu un vague pressentiment
Il avait encore dans la bouche le goût du pain perdu que sa mère faisait les jeudis soir
Ce fut un week-end douloureux
Très marqué par le XIXe siècle, il couchait avec sa bonne
Dieu merci, il était ashkénaze !
Il consacrait presque toutes ses soirées à relever les contrepèteries involontaires dans l’oeuvre de Michelet
C’était du temps où les hommes vous faisaient un enfant pour un oui pour un non
Finalement, on se décida à appeler notre crêperie l’Anecdote
Nous avions à l’époque douze poules, sept lapins et un âne
Il s’était mis en ménage avec une fausse blonde
Jamais Arthur Mittermaier n’avait gagné au Loto
Enfin ! des sondeurs venaient l’interroger
Mon imbécile de grand frère s’était fait une hernie en soufflant dans un cor de chasse
On me demande souvent si je suis parent avec un des « Monsieur Météo » de la télé
Après la naissance de leur premier enfant, elle commença à avoir des flatulences
Il avait débarqué à Paris avec dix francs en poche
Ce type de cocotte-minute ne lui inspirait rien qui vaille
Mon cousin Jean-Marc avait des bourses énormes pour son âge
Marceline éprouva des difficultés à se procurer du vitriol
C’était un soir de demi-brume à Londres, et j’étais bourré comme un coing
Inlassablement, Mlle Fesselier incitait son petit chien à bien mâcher avant d’avaler
Antoine ne se consolait pas de la disparition des vespasiennes
Pierre Mouly parlait du Christ comme s’il l’avait connu
Quand elle m’annonça qu’elle désirait divorcer, instinctivement, j’ai regardé ma montre
Souvent les hommes lui disaient : vous devriez faire du cinéma
Il avait cette bouche typique des homosexuels, légèrement de travers avec la lèvre inférieure sèche
Aucun fleuriste n’avait pu lui expliquer pourquoi il faut offrir un nombre impair de roses
En débarquant à Moscou, il avait été frappé par le nombre d’Africains qui baguenaudaient dans les rues
Il était Français par son père et étranger par sa mère
Papa avait tracé « en rodage » sur le dos de notre tortue
Jean-Lou était bien placé du côté de la mairie
Je lui aurais pardonné de me tromper avec n’importe qui, mais pas avec lui
Elle possédait tous les disques de Dick Annegarn
Quel couple ! Chantal se rongeait les ongles et Fabien reniflait
J’éprouve toujours une certaine fierté à lire le nom de mes deux grands-oncles inscrits sur le monument aux morts de la commune
Le maître d’hôtel nous regardait d’un air excédé
Ils avaient fait la connaissance du frère de France Gall au marché de Gisors
Comme Marcel Proust, il était asthmatique
Son cousin était devenu cantonnier plus par nécessité que par passion
Nous avions récupéré cette adorable petite chatte dans un lotissement de Saône-et-Loire
Statistiquement, il n’avait plus que quatorze ans à vivre
Certains soirs, Clément Magnier se sentait démocrate
Le préposé aux réclamations avait une sale gueule
Que ne m’a-t-elle dit plus tôt que la poésie l’ennuyait
Il n’avait joué qu’une fois à la roulette russe
A l’école communale de Marminiac, on employait le mot merlou pour désigner le sexe des garçons
De dos, il ressemblait un peu à Jean Gabin
C’était la première fois que je surprenais un homme en train de bâiller en faisant l’amour
M. Magne, qui n’avait peur de rien, avait prénommé son fils Charles
Ses hyperfolias lui donnaient du souci
Oh ! Magdalena, qu’as-tu fait des jolies lettres d’amour que je t’envoyai ?
Tout petit déjà, j’étais fasciné par mes cacas
Yvon était le plus malin d’entre nous, il avait découvert le moyen d’observer Mlle Berloquin pendant qu’elle prenait sa douche
Papa, au volant, c’était quelque chose
J’avais fini par lui pardonner
Les WC de l’hôtel étaient introuvables
Sa tête me disait quelque chose, son corps rien du tout
De plus, elle m’avait laissé tomber la veille de mon anniversaire
Quand je lui proposai de nommer notre enfant Bartleby, elle me répondit gentiment : je préférerais pas
Il lui semblait bien que Gwladys avait joui