Mes vêtements ne sont pas des draps de lit
1 - Je peux avoir besoin à tout moment d'une vaste surface blanche pour projeter mes intéressantes diapositives. 2 - L'hiver, je reste assise dans un lit 3 - Je paie de ma personne, je propose mon expérience intime si l'amélioration de nos connaissances le requiert. 4 - Je suis une fille. 5 - Je réfléchis à comment faire pour dormir et comment faire pour mourir. 102 p. (2001)
Extrait
C’est la première fois que je dis je, c’est la première fois que je suis une fille, du moins en partie. Incomplète première personne d’un incomplet féminin : le total n’a rien de particulièrement plausible. Et pourtant je dirai tout, n’est-ce pas incroyable ?
Je connais désormais toutes les personnes : je quand je suis une fille, tu quand tu est avec moi. C’est il que je connais le plus mal, il est complètement malade, c’est un animal, on ne peut pas le faire venir ni le faire repartir, si bien qu’il n’est jamais ici de manière vraiment normale. Fin du singulier. C’est déjà presque trop.
Programme résumé : traversée touristique de l’épaisseur des singuliers dans la direction approximative des pluriels. Je pour le féminin, tu pour le désir, il pour l’inconnu. Je vous expliquerai, allez, montez dans le bus. (Chuchotement autoritaire quoique légèrement inquiet.)
Contrepartie à l’animal : l’animal dont je parle est un animal intérieur revêche et secret, je pense que n’importe quel homme occidental d’aujourd’hui, n’importe quel stagiaire, doit avoir son animal intérieur dissimulé. L’animal est difficilement accessible, mais on ne sait pas si c’est parce qu’il est sauvage ou simplement parce qu’il est coincé dans son terrier. L’animal est le contraire d’un chien. C’est pourquoi j’ajoute tout de suite des chiens que je connais dans le paysage pour le rééquilibrer (un chien pensant qui a un chien, plus un chien qui a un chat et qui fait plus que son âge, plus Toutou le chien réparateur), tout le monde connaît des chiens, et la plupart des chiens consolent de quelque chose. J’en allonge dans l’herbe et sur les branches, car les chiens sont doux et pré-apprivoisés. Ils consolent de l’animal.
Est-ce que je dirai tout ? Oui je dirai tout, l’abouti, et le non-abouti qui penche vers les cimes et penche en même temps de l’autre côté sur le bas. Pas seulement les sommets, les sommets plus le reste des terres y compris les terres agricoles. Tout dire est la condition pour faire éclore des animaux.
