Sous le ciel vide
En librairie le 18 septembre 2020
L’incendie de Notre-Dame survenu en 2019 plonge brutalement le narrateur dans le souvenir d’un épisode brûlant de sa jeunesse. Trente ans auparavant, il avait 18 ans et se tenait tout en haut des tours avec la belle Ayla, d’un an sa cadette. Rien ne les prédestinait à ce qu’ils allaient vivre, aller toujours plus loin dans le soufre des nuits parisiennes, se perdant toujours plus avant dans les creux et les failles sans fond des ombres qui peuplent les rues, les clubs, le Paris crasseux des hôtels bon marché et des squats. Deux enfants perdus dans les larmes et la rage, cédant frénétiquement à l’urgence de vivre, amants maudits cherchant tant la rédemption que d’échapper à l’absurde d’un monde, fuyant le désamour par le vol d’un amour plus puissant et peut-être, par la littérature.
Mais Sous le ciel vide c’est aussi la jonction entre deux époques, celle de la fin des années 80, qui a laissé toute une génération dans le néant, tiraillée entre la fin des idéologies et de l’espoir, et l’illusion d’une fête sans fin.
Porté par une langue singulière dont les méandres hypnotisent le lecteur et l’emportent pour lui faire saisir au cœur la réalité d’une époque, ce roman fait surgir du bitume parisien le récit poignant d’une descente aux enfers.
On ne sait rien de Raphaël Nizan si ce n’est qu’il est né à Paris, dans la première moitié des années soixante-dix. Très tôt en butte avec les siens et leur modèle social, il devient dès l’enfance, presque naturellement, adepte d’une école buissonnière, préférant les livres aux cours en classe et les expériences que la vie pourrait lui offrir aux promesses de diplômes et de carrières sûres qui l’effraient plus qu’elles ne le rassurent. La littérature est, aujourd’hui encore, sa seule fidélité et son seul horizon.
« Le 15 avril 2019, Notre-Dame flambait. Notre-Dame flambait, et moi, seul, les pieds ancrés sur l’asphalte graisseux d’un trottoir parisien, la gorge irritée par les fumées âcres qui se dégageaient du brasier, je ne pensais qu’à la dernière fois où j’y étais monté, vingt-neuf ans plus tôt, avec ma belle Ayla. Je pensais à ce jour-là, soixante-neuf mètres plus près du ciel, à l’amour fou qui nous liait et au désespoir tout aussi fou qui nous rongeait. Ce livre est tout ce qu’il m’en reste, tout ce que je ne voudrais pas, sans doute illusoirement, qu’il s’en perde, au milieu de la fureur et du bruit. »
Raphaël Nizan