Sommeil d'hiver
"Je dis : "je". Qui est je ? J'avais des amis, de nombreux amis, et ma jeunesse. Notre chef c'était - bien sûr - M. Heydari. Mais c'est l'hiver, et il fait froid : il neige. Où sont-ils, les amis ? J'ai si froid. Mais qui suis-je ? C'est l'Iran. Nous sommes un empire millénaire : les policiers patrouillent dans nos rues et la réalité est lisse. Nous possédions notre jeunesse comme un trésor. Puis, un jour, Anvari prit le train pour rendre visite à Mahdavi : sept ans avaient passé. Qui est Anvari ? Qui est Mahdavi ? Ils sont morts sans doute. Ils ont dû mourir, comme les autres..."
Sommeil d'hiver (Khâb-e zemestâni) parle du sentiment d’exil intérieur, d’éloignement de l’Autre, géographiquement et existentiellement, d’une aliénation, que l’écrivaine a connu à cause de sa vie à l’étranger. Les personnages du livre tentent de retrouver leur individualité mais, en même temps, ils ont peur de couper leur lien avec leur sécurité tribale et leur vie sociale. Chez Taraghi, le roman moderne s’éloigne des aventures historiques et amoureuses pour regarder plus attentivement la réalité de sa société et les détails de la vie de tous les jours.
Roman traduit de l'iranien par Gilles Mourier. 188 p. (1986)